La journée « Diderot, du neuf. Manuscrit, édition, lecture » s’est tenue le 15 juin 2024 grâce à la collaboration de la Société Diderot et des bibliothèques Mazarine et de l’Institut de France – et avec le soutien de l’IRCL et du CELLF – au sein de la splendide Grande salle des séances. Ce fut une journée exceptionnelle à de nombreux titres. Après une brève introduction par Stéphane Pujol et Yann Sordet, le public a pu découvrir un manuscrit des Pensées philosophiques déniché par Maria Teresa Bruno dans le catalogue de la Lewis Walpole Library (Yale). Ce manuscrit, présenté par Maria Teresa Bruno et commenté par Emmanuel Boussuge, est une copie mise au propre antérieure au manuscrit final. Il a l’immense intérêt de comporter les modifications apportées par Diderot sur son propre texte et il ouvrira sans nul doute de nouvelles pistes aux chercheurs. Diderot a ainsi systématiquement substitué le terme de « déiste » à celui de « théiste ». Il a également considérablement atténué la dimension anti-chrétienne de son texte. L’autre événement, éditorial cette fois, que célébrait cette journée Diderot, c’était la présentation, sous la houlette de Franck Salaün (IRCL), de deux nouveaux tomes des Œuvres complètes parus chez Hermann. Marie Leca-Tsiomis a souligné avec verve l’apport majeur des Mélanges philosophiques pour Catherine II et autres écrits politiques (1763-1774) (éd. Georges Dulac, Gianluigi Goggi et Sergueï Karp) : ce XXIe tome permettra de rendre toute la place qui lui revient à la pensée politique de Diderot et par la même occasion de jeter aux oubliettes les inepties qui ont circulé sur sa prétendue ignorance de la situation concrète en Russie. Emmanuel Boussuge a ensuite présenté le premier volume, tant attendu, de la Correspondance (1741/1742-1760) (éd. Annie Angremy, Emmanuel Boussuge et Didier Kahn), qui correspond au XXVIIIe tome des Œuvres complètes. Il a également rendu un hommage touchant à Annie Angremy, qui avait donné l’impulsion décisive de cette entreprise éditoriale. Cette nouvelle édition de la Correspondance sera une ressource inestimable pour tous les dix-huitiémistes, mais aussi une lecture tour à tour divertissante et émouvante, comme l’a montré Sylvain Tanquerel, dont la voix a donné vie à la plume du Philosophe. La journée s’est conclue par un duo de violons de l’Ensemble musical Diderot, qui ont joué avec force, grâce et justesse divers morceaux de Guillemain, Guignon et Leclair. Enfin, le buffet de charcuteries qui clôturait la journée n’a pas peu contribué à cette réussite totale.

R. Le Menthéour